Passionné d'aventures en montagne depuis mon plus jeune âge, je vous propose de découvrir ce site internet dédié à mes périples en altitude. Vous y trouverez les récits, photos, et vidéos de toutes les ascensions que j'ai réalisées à ce jour dans le monde entier.
ETNA (3357 m) - Versant sud
Juin 2024 - Sicile, Italie
L'Etna est un volcan d'Italie situé en Sicile. Il est entouré par la mer Ionienne à l'est, la ville de Catane au sud, et les monts Nébrodes au nord. Culminant à 3357 mètres d'altitude, il est le plus haut volcan actif d'Europe et l'un des plus actifs du monde avec près de 80 éruptions au cours du siècle dernier. Sa forte activité, les coulées de lave très fluides et la proximité de zones densément peuplées en font une montagne particulièrement surveillée par les vulcanologues. Son nom pourrait provenir du grec "Aitne" qui signifie "je brûle".
Son ascension se fait généralement par le versant sud, équipé de routes et télécabines. La présence d'un guide est obligatoire pour accéder à la zone sommitale. En effet celle-ci est constituée de plusieurs cratères, dont la forme et l'altitude changent au gré des éruptions. Depuis 2021 le point le plus élevé est le cratère sud-est, le dernier né, qui a gagné environ 30 mètres de hauteur en l'espace de quelques mois. Le cratère nord-est, historiquement point culminant pendant des décennies, est désormais nettement dépassé.
L'altitude élevée de l'Etna est à l'origine d'un microclimat humide qui contraste avec le climat méditerranéen qui règne à ses pieds, ce qui permet une agriculture fertile, enrichie par les sols volcaniques. comme ce fut le cas dès l'Antiquité.
Jours 1 à 3 : Bourrasques sulfureuses à l'Etna (3357 m)
Récit de l'expédition
A mon sens ce triplé, à réaliser lors d'un circuit d'une semaine, est d'une logique implacable. La thématique est récurrente : les volcans et leur fascinante activité. De plus, cet enchaînement m'a toujours semblé parfaitement évident d'un point de vue géographique, avec de courtes liaisons en bateau. Et puis nous agrémenterons le tout avec la découverte de sites antiques et des moments de détente sur les plages, pour un parfait compromis entre mer et montagne.
Le théâtre antique de Taormine, face à l'Etna
Nous avons rendez-vous de bon matin au refuge Sapienza, accessible en voiture sur le flanc sud de l'Etna, à 1900 mètres d'altitude. Nous sommes accueillis par les guides de l'agence "Alpine Etna Sud" auprès desquels nous avons réservé notre excursion plusieurs mois à l'avance. La présence d'un guide est obligatoire pour accéder à la zone sommitale qui est potentiellement dangereuse. Il faut dire que l'Etna est en constante activité et il entre régulièrement en éruption, interdisant de ce fait l'accès aux cratères. Actuellement, la montagne semble calme.
Galerie photos
Nous débutons l'ascension en file indienne derrière notre guide Giuseppe. Il effectue des pauses fréquentes pour nous expliquer un tas de choses sur l'Etna, sa formation, sa structure, ses dangers... Le tout dans un français impeccable. Nous traversons la plus récente coulée de lave, celle de décembre 2023, sur laquelle un nouvel itinéraire a dû être tracé. La progression se poursuit dans un paysage apocalyptique, au travers des champs de lave qui évoquent la désolation lunaire.
Les vapeurs de soufre du cratère central
Nous nous tenons sur le bord d'un immense chaudron, jetant des regards à l'intérieur de cette "Porte de l'Enfer" qui nous inspire à la fois de la crainte et de la curiosité. Des insondables entrailles du volcan s'échappent des vapeurs nocives, principalement du dioxyde de soufre, qui provoque une irritation des yeux, de la gorge et des voies respiratoires. Nous en sentons d'ailleurs les effets néfastes alors que nous faisons le tour du cratère. Très vite l'air devient irrespirable. Nous sommes aveuglés, asphyxiés, et nous chancelons sous les coups de vent. L'atmosphère n'est pas des plus hospitalières, alors mieux vaut ne pas rester trop longtemps ici !
Enfin, retour au téléphérique puis au parking, pour boucler cette inoubliable randonnée de 5 heures sur les flancs abîmés de "Mongibello" !
Jours 4 à 6 : Son et lumière au Stromboli (926 m)
Stromboli c'est aussi une parfaite image de l'obstination humaine. Car de mémoire d'homme, le volcan a toujours été en activité. De mémoire d'homme, il n'y a jamais eu ici la moindre goutte d'eau hormis celle qui tombe du ciel. Et pourtant cela n'a jamais empêché les humains de s'y installer et d'y vivre.
Stromboli, la quiétude en sursis
En ce qui nous concerne nous avons fait appel à l'agence Magmatrek, dont le bureau est situé près de la place San Vincenzo. Notre guide se prénomme Manuel. Puisqu'il a grandi à l'ombre du volcan, il en connaît toutes les facettes, du feu sommital au parfum salé des côtes, en passant par la richesse naturaliste de ses flancs. C'est ce savoir, et son amour pour sa terre natale, qu'il nous transmet alors que nous gravissons les pentes du Stromboli en fin d'après-midi.
Stromboli, le volcan qui ne dort jamais
Toutes les dix minutes en moyenne, la bête gronde et nous gratifie d'une explosion encore plus puissante. Et à mesure que la lumière du jour décline les gerbes rougeoyantes se font de plus en plus lumineuses, finissant par se détacher parfaitement sur le ciel étoilé. Nous restons bouche bée. Ces colères de notre planète sont absolument stupéfiantes de beauté ! Je comprends alors la fascination des vulcanologues devant cette fureur, cette énergie primitive qui nous permet de toucher à la genèse de notre monde.
Le lendemain nous nous octroyons une journée de repos pour explorer plus encore les environs. Puis, à 22h, nous embarquons sur un ferry, direction Naples. A la nuit tombée nous voyons s'éloigner lentement Stromboli, ce "phare de la Méditerranée" au caractère explosif, qui jette la lumière sur les îles Éoliennes.
Jours 7 et 8 : Ascension du Vésuve (1281 m), le meutrier antique
Nous débutons par une excursion au Vésuve dont la douce silhouette domine toute la baie. La montée jusqu'au cratère n'est pas véritablement une randonnée mais plutôt une promenade groupée, sur un énorme sentier parfaitement aménagé où se bousculent des centaines de touristes. La découverte du "Grand Cône" vaut le coup malgré tout, et si l'ascension du volcan ne prend qu'une demi-heure, son histoire, elle, nous entraîne des siècles en arrière...
Les ruines de Pompéi, au pied du "coupable"
Ce dramatique et soudain évènement a permis une conservation exceptionnelle des rues, des édifices commerciaux, des temples et des habitations. Constamment fouillés, les vestiges de Pompéi livrent encore bien des secrets aux archéologues qui ne cessent d'excaver de nouveaux éléments nous renseignant sur la vie que menaient les habitants dans cette vaste cité commerciale.
Le lendemain, après une courte nuit dans le centre-ville très animé, nous quittons Naples pour un retour vers la France. Retour perturbé car soumis au bon vouloir des contrôleurs aériens. Nous bouclons ainsi ce joli périple printanier, ponctué de magnifiques ascensions sur des volcans hors du commun.
De la pluie, encore et encore... C'est un printemps froid et humide qui s'éternise sur la région nantaise où nous résidons. Alors comme l'année précédente nous décidons, Aurélie et moi, d'aller chercher du soleil sur les îles méditerranéennes. La Sicile se présentant comme une destination idéale, c'est l'occasion rêvée de sortir de mes cartons un vieux projet élaboré il y a une quinzaine d'années mais jamais concrétisé : gravir les 3 mythiques volcans italiens, à savoir l'Etna, le Stromboli et le Vésuve !
Nous atterrissons à Catane, la seconde plus grande ville de Sicile qui est située sur la côte orientale, au bord de la mer Ionienne. Nous commençons par une promenade en centre-ville avant d'aller se dorer la pilule sur la plage voisine.
Le lendemain nous nous dirigeons vers le nord pour visiter Taormine. Cette cité balcon, bien que prise d'assaut par les touristes, est un véritable joyau. Elégante et animée, elle est juchée sur une falaise et offre des points de vue sensationnels sur la baie de Naxos et sur l'Etna. Ne manquez pas le théâtre gréco-romain, absolument somptueux.
Puis, après deux jours "farniente", vient le moment de se frotter au géant du coin, l'Etna. Nous l'avons longuement observé depuis la plaine, exhalant ses fumeroles dans le ciel bleu azur, et je dois avouer qu'il me tarde d'aller voir ce qui se passe là-haut. A vrai dire ce ne sera pas la première fois que je parcoure les flancs du volcan. Quelques années auparavant je m'étais promené jusqu'à 2700 mètres, pas plus, car l'accès au sommet n'étais pas autorisé.
Nous nous équipons et embarquons dans le téléphérique. Celui-ci nous propulse à 2500 mètres d'altitude. Voilà du dénivelé économisé, et ce n'est pas fini : notre groupe monte désormais dans un bus pour être déposé encore plus haut, à 2850 mètres. Sans avoir fait le moindre effort, le sommet n'est déjà plus très loin ! Bien entendu libre à chacun de marcher depuis le parking, mais je ne vois guère l'intérêt de remonter péniblement des pentes poussiéreuses sous les remontées mécaniques.
Le sentier s'oriente vers la gauche pour aller chercher, en une grande diagonale ascendante, le versant ouest de la montagne. Ici il n'y a plus de gros débris volcaniques, juste un terrain poussiéreux fait de sable noir, qui d'ailleurs nous fouette le visage à la moindre rafale de vent. Il nous faut composer avec les éléments.
Nous atteignons le bord du cratère central, plus exactement la Bocca Nuova qui culmine aux alentours de 3340 mètres. Le véritable point culminant de la montagne est un peu plus loin, au niveau du cratère sud-est, le dernier né et qui, en multipliant les paroxysmes ces dernières années, est devenu le point le plus élevé. Malheureusement il n'est pas possible de s'y rendre car c'est la zone la plus instable de l'Etna. En effet les failles y sont nombreuses et un épanchement de lave pour survenir à tout moment. Gardons à l'esprit que cette montagne est vivante, et qu'au fil du temps de nombreux édifices volcaniques se forment, puis s'effondrent, avant d'être remplacés.
Après avoir profité autant que possible de ce lieu dantesque nous entamons la descente plein sud. Nous dévalons tout d'abord de raides pentes sablonneuses, rejoignant ainsi en quelques minutes l'itinéraire de montée. Plus loin c'est le moment de la pause déjeuner, à l'abri du vent, dans un creux de magma refroidit. Puis nous effectuons un léger détour à la Torre del Filosofo (2920 m), un joli cratère secondaire. Plus bas encore nous faisons une halte sur un promontoire pour observer à nos pieds la vallée del Bove, une gigantesque caldeira qui s'ouvre sur le flanc oriental de l'Etna. Dans cette direction nous discernons également les villes côtières (Catane, Naxos, Taormine...) ainsi que la Calabre dans le lointain - la pointe de la "botte" italienne - de l'autre côté du détroit de Messine.
Nous nous rendons au nord-est de la Sicile, à Milazzo, pour y restituer notre véhicule de location, pas fâchés de ne plus avoir à conduire au milieu des pilotes locaux... Une fois au port nous embarquons sur un hydroptère et mettons le cap sur les îles Éoliennes, un archipel volcanique sur la mer Tyrrhénienne. Le navire fait plusieurs arrêts (Vulcano, Lipari, Salina, Panarea) avant de nous déposer sur l'île la plus excentrée : Stromboli.
Cette île est la partie émergée d'un immense volcan à l'activité incessante. Malgré ce danger on trouve au pied de la montagne un étonnant lieu de vie, le village de Stromboli. Un endroit au charme sans pareil : de petites maisons blanches qui contrastent avec les plages de sable noir, des ruelles étroites et colorées où il fait bon flâner... Certes, de nos jours, le tourisme de masse a modifié le caractère de ce village en le remplissant de voyageurs qui agitent la vie paisible des quelques habitants. Mais il faut bien reconnaître que malgré cette surfréquentation le décor est merveilleux et offre à nos yeux des compositions visuelles saisissantes.
L'île vit principalement du tourisme et des milliers de curieux qui viennent admirer le volcan en colère. Chaque soir des randonnées sont organisées par des agences de trekking. Et puisqu'il n'est officiellement plus autorisé de monter tout en haut du cratère depuis l'éruption de 2019, qui a tué un homme, il faut se contenter de se rendre à mi-hauteur, à une altitude maximale de 400 mètres, d'où il est tout de même possible de voir les jets de lave que le volcan éructe fréquemment. Une prudence des autorités qui se justifie par l'impossibilité de prévoir les plus fortes explosions.
L'ascension se déroule au milieu d'une végétation méditerranéenne typique (vignes, champs d'oliviers, câpriers et figuiers de barbarie) qui laisse vite place à un sol volcanique aride, rugueux et sombre. Le décor qu'offrent le sentier en surplomb de la mer et le volcan gagne en intensité à mesure que l'on s'élève. Il faut compter environ 2 heures de marche, pauses comprises, pour atteindre le point d'observation situé sur la crête nord du volcan. Nous nous y installons alors que le soleil se couche. En place, c'est l'heure du spectacle.
Nos regards ébahis se tournent immédiatement vers le haut, là où une bouche volcanique expulse en continu des lambeaux de lave, des scories et des bombes incandescentes, à plusieurs centaines de mètres de hauteur. Toutes ces projections retombent en fracas le long d'un toboggan naturel situé sur la face nord-ouest de l'île et nommé Sciara del Fuoco. Les débris dégringolent ensuite jusqu'à la mer. Cette zone est infernale. Le Stromboli est en rage !
Après 1h30 de contemplation il est temps de redescendre. Le retour se fait de nuit, à la frontale, via des raccourcis poussiéreux que seul les guides connaissent. Il est 23h lorsque nous traversons le village assoupi pour regagner notre logement. A vrai dire nous sommes vidés sur le plan émotionnel. Nous n'oublierons jamais cette randonnée hors du commun sur un volcan qui nous a offert un feu d'artifice exceptionnel !
Au matin, en nous baladant sur le pont du navire, nous voyons poindre à l'horizon le littoral ensoleillé de Campanie. Le paquebot contourne finalement l'île de Capri, entre dans la baie de Naples, puis accoste au port de croisière. Pas de répit après cette navigation nocturne : nous enchaînons directement avec un circuit Vésuve-Herculanum-Pompéi, un incontournable combiné du tourisme napolitain !
C'est une des catastrophes naturelles les plus célèbres de l'histoire. En 79 après J.C., le Vésuve entrait en éruption et recouvrait de ses cendres plusieurs localités blotties à ses pieds, parmi lesquelles Pompéi et Herculanum. Très destructrice, on estime que l'éruption ensevelit sous les nuées ardentes et les éjectas volcaniques plusieurs milliers de citoyens romains, les figeant à jamais dans leurs activités quotidiennes.
En parcourant ces ruines, témoignage de l'Antiquité, on essaie de se plonger dans une journée des temps heureux, lorsque la vie grouillait dans les viae et les villae et que les murs résonnaient encore de cris de joie. Curieusement, dans cette société romaine si sujette aux superstitions, où l’on accordait tant d’importance aux présages, où l’on s’efforçait de déchiffrer l’avenir dans le vol d’un rapace ou les entrailles fumantes d’un mouton, on n'a pas voulu voir le danger que représentait la proximité du volcan. C'était le temps d'avant, avant que le Vésuve déverse sa colère et que ses cendres ne réduisent au silence cette cité opulente mais insouciante. De nos jours l'endroit donne une impression grandiose et solennelle, juste atténuée par l'effervescence de la foule.
Il en est de même pour Herculanum, beaucoup plus petite, qui fut conservée pendant des siècles dans une épaisse gangue volcanique. La ville moderne fut construite par-dessus. Puis, à partir du 18ème siècle, la cité antique fut remise au jour. Ses ruines, plus confidentielles, présentent un grand nombre de villas patriciennes, richement ornées de mosaïques et de fresques.
Les Hommes ont-ils seulement retenus la leçon ? De toute évidence non, car depuis 1944, date de sa dernière éruption, le Vésuve semble assoupi. Mais pas éteint ! Un jour il explosera de nouveau, telle une bombe à retardement. Et compte tenu de la densité de population aux alentours, il faudra s'attendre au pire...