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Passionné d'aventures en montagne depuis mon plus jeune âge, je vous propose de découvrir ce site internet dédié à mes périples en altitude. Vous y trouverez les récits, photos, et vidéos de toutes les ascensions que j'ai réalisées à ce jour dans le monde entier.

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MONT KENYA (5199 m) - Traversée
Février 2019 - Grand Rift, Kenya
Jours 1 et 2 : De Nairobi au Mont Kenya
Récit de l'expédition
Galerie photos

Le Mont Kenya, dont le nom signifie "montagne de l'autruche" chez les Wakamba, une des populations vivant à ses pieds, est le point culminant du Kenya et le deuxième plus haut sommet d'Afrique, derrière le Kilimandjaro. Les plus hautes cimes culminent à 5199 mètres à la pointe Batian, 5188 mètres à la pointe Nelion et 4985 mètres à la pointe Lenana. Il se situe au centre du pays, juste au sud de l'équateur, à 150 kilomètres au nord-est de la capitale du pays, Nairobi.

Il s'agit d'un volcan rouge né il y a 3 millions d'années de l'ouverture du rift est-africain. Il a été recouvert pendant des millénaires par une importante calotte glaciaire qui a fortement érodé ses pentes et lui a donné ce relief particulier, avec de nombreuses vallées qui descendent du sommet. Il reste aujourd'hui une douzaine de petits glaciers en phase de retrait rapide, malgré des températures souvent négatives, avec un climat très variable.

Le volcan est découvert par les Européens en 1849 et le sommet est véritablement vaincu en 1899 par l'équipe d'Halford John Mackinder. Aujourd'hui de nombreux itinéraires et refuges permettent d'effectuer l'ascension vers les principaux pics. Le plus élevé des sommets ne peut être gravi qu'après une escalade sérieuse, exposée et engagée.

Vivre dans l’ombre d’un grand frère n’est pas toujours simple. C'est le cas du Mont Kenya depuis lequel on peut, par temps clair, distinguer la silhouette de son imposant voisin tanzanien, le mythique Kilimandjaro, qui cannibalise l’essentiel des treks en Afrique de l’Est. Moins élevé que ce dernier, mais aussi moins connu, moins facile, et donc cent fois moins arpenté, le Mont Kenya a pourtant beaucoup à offrir : des paysages à couper le souffle avec des pics élancés couronnés de glaciers, des landes afro-alpines et des forêts d’une grande diversité. Ce volcan rouge né de l’ouverture du Grand Rift présente un vrai caractère alpin et sauvage. C'est un massif au relief accidenté, aux formes spectaculaires, avec de nombreuses vallées dans lesquelles se nichent des lacs d'altitude et se développe une végétation endémique exubérante. De chaque point cardinal ces vallées s’enfoncent vers les sommets, offrant autant d'itinéraires d'approche.
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Préparatifs à Chogoria
Le lendemain nous faisons le point avec Faith et Haron, les guides qui organisent notre aventure. C'est le moment de régler les derniers soucis logistiques et financiers. Nous prenons ensuite la route du nord et roulons 4 heures jusqu'à Chogoria. De notre hôtel nous pouvons apercevoir une dent minérale, grise et raide, émerger à l’horizon. Il est bien là notre Mont Kenya, culminant en plein centre du pays, régnant sur un massif circulaire de 60km de diamètre où les noms des pics, vallées et refuges, mélangent figures tribales et explorateurs européens.
Jour 3 : Approche vers Meru Bandas (2950 m)
Deux petites heures de marche sur la piste et nous voilà au tout premier camp, Meru Bandas. Il y a là quelques lodges et de vastes prairies pour camper. Nous faisons mieux connaissance avec notre équipe et glanons quelques informations auprès d'autres randonneurs concernant la suite du programme. Puis en soirée nous allons explorer les environs à la recherche de la faune locale, des antilopes pour l'essentiel.
Jour 4 : Montée à Lake Ellis (3450 m)
Alors que les rayons matinaux éclairent tout le versant oriental du Mont Kenya, nous traversons le replat d'Urumandi puis pénétrons dans une forêt de bambous recouverts de lichens. Vers 3000 mètres, les bruyères géantes se glissent dans le paysage avant de céder la place à une lande de lobélies et séneçons. Nous franchissons une succession d'écosystèmes, et la végétation se raréfie à mesure que nous gagnons de la hauteur.
Arrivée à Lake Ellis
En début d'après-midi nous établissons notre campement sur la rive du paisible Lake Ellis. Loin encore des verticalités qui nous attendent, nous sommes ici dans un vaste environnement fait de distances. L'étape du jour fut courte, 3 heures de marche seulement. En manque d'exercice, et pour fuir l'ennui du camp, nous partons donc nous dégourdir les jambes, en faisant le tour du lac et en gravissant la petite colline qui domine ce dernier. J'en profite pour faire quelques prises de vue de cette étendue lacustre isolée en pleine lande d'altitude. Sur les flancs du Mont Kenya les soirées ne s'éternisent pas : il fait nuit à 19h et le froid n'incite pas à rester longtemps à l'extérieur.
Jour 5 : Lake Michaelson (3950 m), une idée du paradis
Le petit-déjeuner est l'occasion de mesurer la forme et l'état d'esprit de chacun. Je dois dire que mes partenaires semblent tenir parfaitement la route. Gilles, lorsqu'il ne fait pas le tour du monde à vélo, est chef de course au club alpin suisse. Quant à Xavier, il a réalisé de très nombreuses ascensions engagées dans les Alpes. Sans avoir leur niveau technique et physique, l'expérience de la montagne en général et de ce genre d'expédition joue en ma faveur. En synthèse, nous formons une équipe performante et motivée. La suite s'annonce donc sous les meilleurs auspices.
Ce lac est une merveille. Niché entre de hautes falaises, drappé de son ton ténébreux, il repose dans un décor grandiose. Nous installons nos tentes sur la rive et profitons de toute l'après-midi pour explorer les environs. Nos porteurs s'en vont pêcher leur dîner, ils reviendront avec quelques prises peu ragoûtantes. Des rochers émergent des dizaines de damans, une sorte de marmotte locale. Curieusement, l’animal serait un cousin de l’éléphant, selon certains scientifiques.
Jour 6 : Montée à Austrian Hut (4700 m)
Dernier jour d'approche pour notre intrépide équipe qui s'enfonce un peu plus encore au cœur du massif du Mont Kenya. Nous attaquons de bonne heure le raidillon qui ferme la gorge, passant à proximité de quelques cascades, sous les parois surplombantes du "Temple". Une fois sortis du verrou nous débouchons sur un plateau où les choses se précisent : droit devant nous se dressent nos 3 objectifs (Lenana, Nelion, Batian), rangés du plus petit au plus grand, prêts à l'affrontement. Nous avançons dans cette direction, louvoyant entre les séneçons géants. Le décor n'a plus rien d'un paradis, il évoque désormais la désolation, avec de part et d'autre des éboulis et des pointes volcaniques qui n'invitent pas à l'ascension. Nous laissons à droite le chemin du camp Shipton, pour monter toujours plus haut jusqu'à un col ouvrant sur la vallée Hobley. De là, le tracé passe en écharpe sous la face sud de la Pointe Lenana, pour aboutir finalement à Austrian Hut.
Ambiance monumentale à Austrian Hut
Les tentes sont plantées légèrement en contrebas, près d'un très joli étang émeraude. Nous faisons ensuite la connaissance d'autres randonneurs, la plupart effectuant un simple trek vers la Pointe Lenana. En ce qui nous concerne, nos regards sont happés par les plus hauts sommets. Le colossal Nelion, majestueux et effrayant à la fois, a quelque chose de magnétique lorsqu'il surgit des nuages. Nous scrutons un long moment sa paroi sud-est, à laquelle nous allons nous frotter dans quelques jours, afin de détecter le tracé de la voie. Mais vu d'ici, ça ne semble pas passer ! Par où diable peut-on escalader et vaincre cette forteresse de pierre ?
Jour 7 : Lumière à la Pointe Lenana (4985 m)
Il est 5h du matin lorsque j'entends Gilles et Xavier, d'une voix fatiguée, me manifester leur besoin de sommeil. Ils ne sont pas au mieux de leur forme. C'est donc seul que je rejoins notre guide Haron pour effectuer l'ascension nocturne de la Pointe Lenana. La montée est courte (seulement 250 mètres de dénivelé) et très facile car l'itinéraire a été aménagé de mains courantes. Une formalité donc. Nous nous élevons silencieusement sous un ciel bien dégagé et un joli clair de lune, à la frontale, le long de l'arête occidentale. Après 45 minutes de marche nous foulons le sommet de la Pointe Lenana (4985 m), respectant ainsi notre timing pour assister au lever de soleil. Les premiers rayons surgissent de la savane et enflamment les récifs d'altitude du Mont Kenya. Une brume rosée nimbe le chaos de roches grises et ocre, presque rouges, avant de dévoiler vallées et plaines dans toutes les directions. C'est un jour de chance. Le ciel est clair, l’air froid et sec, mon esprit vagabonde dans le charme des lieux : à nouveau je vibre des sensations de la haute montagne dans un univers africain.
Sur la Pointe Lenana
Dans l'après-midi, Gilles et moi bouquinons un peu dans la cabane. Nous rencontrons alors John, qui sera notre guide technique pour l'escalade à venir. Il connaît parfaitement la montagne pour l'avoir gravi à de nombreuses reprises. Nous effectuons quelques exercices de manipulation de cordes, pour réviser les basiques et évoluer en cordée de manière plus fluide. John nous propose d'attaquer dès le lendemain, pour profiter de parfaites conditions météo. Après un long échange nous validons ce plan, car nous ne savons pas si Xavier pourra recouvrer ses forces. Sans pouvoir informer ce dernier, et non sans quelques remords, nous choisissons donc de finir l'ascension sans lui.
Jour 8 : Escalade et bivouac à la Pointe Nelion (5188 m)
Les nuages virevoltent, déchirés par les arêtes, refoulés par les parois, créant une atmosphère de fin du monde. Ambiance ! Collés contre la roche, nous laissons descendre en rappel d'autres cordées, parties de nuit, qui ont -ou non- atteint le Nelion. L'horaire limité et la météo ne leur ont pas permis de poursuivre jusqu'au Batian. Cela me conforte dans notre choix de réaliser l'ascension sur deux jours. Nous avons davantage de temps et surtout la quasi-certitude de réussir entièrement la course. Eternel dilemme que de grimper vite et léger, ou lesté avec du lourd matériel de bivouac...
Sommet du Nelion !
Nous voilà dans "l'Amphithéâtre", un large couloir peu difficile dans lequel nous tirons plusieurs longueurs. En appuyant finalement à droite, nous sortons par des rochers faciles au sommet de la Pointe Nelion (5188 m).
Une très bonne chose de faite ! Nous savourons cette première victoire. A portée de main se trouve le Batian, notre objectif final. Mais il faut bien 2 heures de traversée pour l'atteindre. Nous gardons donc cela pour demain. Pour le moment nous nous installons dans le bivouac Howell, une minuscule boîte de conserve posée sur la cime. Avec 1 mètre de haut, 2 de large et 3 de long, on ne peut guère y allonger plus de 5 personnes. Mais cet espace restreint a aussi ses avantages : il permet de conserver facilement la chaleur des corps, et avec les matelas déjà sur place je dois dire que nous y trouvons un certain confort. En soirée nous dénichons quelques résidus de neige sous les blocs sommitaux. Nous les faisons fondre pour obtenir de l'eau et préparer le dîner. Le coucher de soleil est fantastique. Mais une fois celui-ci terminé, la température dégringole. Nous retournons donc au plus vite dans notre abri.
Jour 9 : Traversée vers le Batian (5199 m)
Au sortir du bivouac, nous sommes irradiés par les rayons orangés du soleil levant. Perchés sur notre promontoire à presque 5200 mètres, enveloppés dans une luminosité fabuleuse, nous avons conscience de vivre un moment d'exception. Ces quelques minutes sont magiques. C'est en privilégiés que nous assistons à cet éblouissant spectacle. Mais trêve de contemplations, le Batian nous attend !
Batian (5199 m), toit du Kenya !
Rapidement revenus dans la brèche, il semble très compliqué de remonter dans l'axe direct des rappels. En effet, vaincre ces dalles compactes, qui plus est difficiles à protéger, nécessite un gros niveau de grimpe. Nous utilisons donc à gauche un passage de mixte, dont la difficulté varie avec les conditions. Une corde fixe, que nous avions laissé pendante dans la Gate of Mists, permet de sécuriser notre retour vers le Nelion.
Nous sommes chaleureusement accueillis et félicités par l'équipe. Xavier est là également, il va beaucoup mieux et a gravi ce jour le Nelion avec un vétéran US de la guerre du Vietnam ! Bien robuste à 70 ans, papi Rambo ! Il nous reste encore quelques forces et nous choisissons de descendre illico au camp inférieur, dans la noirceur de la nuit. Une heure suffit à rejoindre McKinder's camp. On nous offre grâcieusement une nuit dans la cabane du ranger, confort garanti ! Je me couche en repensant à cette journée mémorable. Je suis atomisé de fatigue mais pourtant le plus heureux du monde. Un sentiment bien familier aux drogués de montagne...
Jour 10 : Descente par Naro Moru
Venus par l'est, nous choisissons de redescendre par le versant ouest de la montagne. Il s'agit de l'itinéraire Naro Moru, le plus rapide pour regagner la plaine. En une longue journée de marche nous quittons le massif, via la vallée Teleki et la forêt de Met Station. Hormis la rencontre avec une famille de singes bleus, le dernier tronçon est du genre ennuyeux : nous parcourons 10km de route pour atteindre la sortie du parc. Là, un véhicule nous conduit à Nanyuki, la grande ville du coin.
Jours 11 à 15 : Safari à Masaï Mara
Les jours suivants nous partons à l'ouest pour faire un safari dans la réserve de Masaï Mara, la plus réputée du Kenya. Après plusieurs heures de trajet inconfortable nous découvrons les lieux : il s'agit d'une grande étendue de savane, légèrement vallonnée, dans laquelle se croisent de nombreuses espèces. Et elles sont là au grand complet : lions, éléphants, girafes, autruches, buffles, guépards, léopards, hippopotames... et j'en passe. La destination est très prisée, mais nous faisons fi de l'amas de touristes et nous profitons de la chance qui nous est offerte d'observer ces animaux fabuleux dans leur milieu naturel. Nous terminons le séjour par la visite d'un village Masaï typique, pour aller à la rencontre des tribus locales. Finalement, après une dernière goinfrerie de viandes exotiques au légendaire "Carnivore" de Nairobi, je prends congés de mes compagnons pour retourner au pays, très heureux de cette expédition réussie.
Villageois à Masaï Mara
Après les ascensions réussies du Kili en 2016 puis du Ruwenzori en 2017, je souhaite désormais conquérir le dernier grand sommet africain. J'ai pour cela pris contact avec Gilles et Xavier, via un site communautaire de montagne. Ils seront mes 2 coéquipiers suisses pour cette aventure. Nous avons échangé de longs mois pour la préparation de ce périple. Fraîchement atterri à Nairobi, je fais leur rencontre puis nous prenons la direction du centre-ville où une sympathique famille d'expatriés allemands va nous héberger pour la nuit. Accueil royal et moustiquaire obligatoire !
Après avoir effectué les ultimes achats et préparatifs au village, nous embarquons dans une Jeep et filons à toute berzingue au cœur de la jungle qui ceinture le pied de la montagne. Tassés à 12 dans le véhicule (6 porteurs, 1 guide, 1 responsable de l'agence, 1 conducteur et 3 clients), nous prenons de la hauteur sur le versant oriental. Nous stoppons à 2400 mètres d'altitude, préparons les sacs, et commençons enfin l'ascension.
Cap à l'ouest ! Nous traversons un petite dépression de la vallée Hinde puis montons sur le côté opposé, avalant les kilomètres dans cette lande venteuse striée de ruisseaux clairs. Le sentier finit par surplomber une gorge encaissée. Les nuages ont pris possession de la montagne, comme de coutume en milieu de journée, mais le décor reste très spectaculaire. Nous nous élevons jusqu'à 4200 mètres d'altitude avant de quitter le tracé principal, car nous n'allons pas au camp Mintos ce soir, nous descendons plutôt dans la gorge pour établir le campement près de Lake Michaelson.
Austrian Hut, rustique mais confortable, est un refuge non gardé, perché à 4700 mètres d'altitude près d'une crête. L'endroit est fantastique. A quelques encablures de là nous découvrons le glacier Lewis, agonisant sous le soleil kenyan. De la neige sur la ligne de l’équateur ? Jusqu’à la moitié du 19ème siècle, il n’était pas un Européen pour croire à ces racontars de peuplades reculées d’Afrique de l’Est. Mais nous ne rêvons pas, c'est bien de la glace qui s'étend sous nos yeux. Ceci dit, le réchauffement climatique poursuit inexorablement sa triste œuvre et on est désormais loin de la grande langue glaciaire de l'époque. Combien de temps ce glacier, réduit à peau de chagrin, va t-il survivre ? 15 ans peut-être, guère plus.
Après la traditionnelle orgie photographique et les félicitations d'usage, il est temps de regagner notre camp. Nous y descendons en vitesse et trouvons Xavier, titubant près du bâtiment, l'œil hagard. Maux de tête, perte d’appétit, vomissements... Il est de toute évidence rongé par le mal des montagnes. Vite, il faut agir.
Nous préparons son sac et le voyons partir vers le camp inférieur, accompagné par 2 porteurs. Espérons qu'en perdant de l'altitude il pourra regagner des forces et revenir fringant d'ici quelques jours. Son départ nous attriste. Il était pourtant en pleine forme la veille. Comme quoi, les réactions du corps humain à l'altitude sont vraiment imprévisibles.
Au réveil j'ai la désagréable surprise de constater que ma tente (plus exactement celle empruntée à un ami...) est éventrée. Un arceau s'est brisé net et a déchiré la toile. Je la pensais plus costaud que cela, mais il faut dire que le vent a violemment soufflé dans la nuit.
Nous quittons le camp vers 7h. La marche d'approche est courte : il suffit de suivre une banquette mise à nu par le recul du glacier Lewis, puis monter en biais dans les éboulis pour rejoindre le départ de la voie. La face sud-est du Nelion, voie normale d'accès aux plus hautes cimes, c'est 400 mètres d'escalade soutenue, 18 longueurs entre 2+ et 4+, dans une paroi complexe où il n'est pas simple de suivre le bon itinéraire. Sachez qu'on compare souvent cette course à la traversée de la Meije, pour son niveau de difficulté et son engagement. La qualité du rocher, excellente, est également un point commun. Techniquement, rien de bien difficile donc, mais nous avons choisi de passer la nuit là-haut. Nous sommes donc lourdement chargés avec tout le matériel de bivouac.
Après nous être équipés, nous attaquons les hostilités. Les 2 premières longueurs, faciles, suivent un couloir en oblique vers la gauche. Il ne faut pas s'y attarder car de fréquentes chutes de pierre ont lieu dans ce corridor. Les 2 longueurs suivantes, très courtes, ne font pas gagner d'altitude mais permettent, en pure traversée sur la droite, de se replacer dans l'axe principal de la face. Là encore peu de difficulté, mais l'ambiance est très aérienne ! Nous effectuons une pause sur une plate-forme, car voilà que se présente la première difficulté, appelée "McKinder's Chimney". Une jolie cheminée, comme son nom l'indique, à escalader sur une vingtaine de mètres, en 3+. La suite est simple : nous suivons une rampe évidente, "One O'Clock Gully", qui nous amène en 3 longueurs à proximité du bivouac Baillie. Cet abri sommaire situé à environ 5000 mètres d'altitude, près du McKinder's Gendarme, peut être grandement utile aux grimpeurs en difficulté.
C'est le moment de basculer, par une petite brèche, sur la face sud. Après 2 nouvelles longueurs faciles nous faisons face au crux de la voie, "De Graaf's Variation" : une fissure verticale de 30m en 4+, aux prises minces. John, qui évolue en tête, préfère franchir l'obstacle sans son sac à dos, jugé trop lourd. Nous hisserons ce dernier ensuite. C'est au tour de Gilles et moi d'escalader ce passage délicat. Une épreuve athlétique, pas évidente en "grosses" chaussures d'alpinisme mais nous passons en force, tirant sur nos bras et puisant dans nos ressources. J'en ressors les muscles tétanisés, mais le sourire aux lèvres, car le plus dur est désormais derrière nous.
Nous grimpons encore d'une cinquantaine de mètres pour buter sur un immense mur vertical. La voie part alors sur la droite, dans une vertigineuse traversée au-dessus des abîmes de la face est. Il faut ici faire preuve d'agilité pour enchaîner les mouvements, de concentration pour chercher la moindre aspérité du rocher, et de force mentale pour ignorer le précipice béant s'ouvrant sous nos pieds. Bien aidé par mes coéquipiers, je m'en tire honorablement.
Nous descendons en rappel dans la profonde brèche séparant le Nelion du Batian. Voilà la bien-nommée "Gate of Mists", avec à notre gauche la sortie du mythique Diamond Couloir, et à notre droite le camp Shipton situé 1000 mètres plus bas. Autant dire que nous sommes cernés de lieux légendaires ! Nous chaussons les crampons pour les longueurs qui suivent, afin de contourner par la neige un grand gendarme. Une fois revenus sur le fil de l'arête, il ne reste alors que 2 autres longueurs de rocher, en 3 exposé.
Batian, 5199 mètres ! Toit du Kenya et second plus haut sommet d'Afrique ! J'éprouve une immense fierté à être là-haut, sur cette cime qui se défend âprement. John, Gilles et moi saisissons le drapeau sommital pour une photo souvenir. Le ciel est parfaitement dégagé. Depuis le point central de cet immense massif, nous observons tout autour les multiples vallées qui s'écoulent vers la plaine. A dire vrai il n'y a pas de grandes célébrations. Nous savons qu'il faut refaire tout le chemin en sens inverse, il n'y a pas de temps à perdre.
Puis, ce sont les longues descentes en rappel qui se succèdent. John connaît bien le terrain et suit une ligne logique, là ou je n'aperçois qu'un océan de couloirs, cheminées, dièdres et ressauts plus identiques les uns que les autres. Après 14 rappels tout le monde est de retour sur le plancher des vaches, ou plutôt, des bufles.
Au petit matin nous découvrons la monumentale paroi occidentale des inséparables Batian et Nelion. Séparant ces deux épées déchirant le ciel, le mince fil du Diamond Couloir est désormais bien sec. Mais quelle perfection ! Et surtout quelle fierté d'être montés tout là-haut !
Il nous reste quelques jours et nous souhaitons les mettre à profit pour visiter un peu le pays. De retour à Nairobi nous mettons le cap sur le "Sheldrick Wildlife Trust", un orphelinat pour éléphants situé en périphérie de la capitale. Les jeunes pachydermes y sont recueillis, élevés, et remis en liberté dès lors qu'ils sont autonomes.
  • Barre des Ecrins, France
  • Aconcagua, Argentine
  • Elbrouz, Russie
  • Aconcagua, Argentine
  • Aconcagua, Argentine
  • Kurmychi, Russie
  • Mont Cameroun, Cameroun
  • Ruwenzori, Ouganda
  • Eiger, Suisse
  • Galdhøpiggen, Norvège
  • Iztaccíhuatl, Mexique
  • Aiguille Verte, France
  • Denali, Alaska
  • Denali, Alaska
  • Denali, Alaska
  • Into the Wild, Alaska
  • Fujiyama, Japon
  • Mont Kenya, Kenya
  • Mont Kenya, Kenya
  • Loch Ness, Ecosse
  • Jökulsárlón, Islande
  • Skaftafell, Islande
  • Hvannadalshnjúkur, Islande
  • Landmannalaugar, Islande
  • Gullfoss, Islande
  • Ojos del Salado, Chili
  • Demavend, Iran
  • Psiloritis, Crète
  • Mont Olympe, Grèce
  • Toubkal, Maroc
  • Toubkal, Maroc
  • Pico Ruivo, Madère
  • Ararat, Turquie
  • Kazbek, Géorgie
  • Pic Lénine, Kirghizistan
  • Pic de Teide, Iles Canaries
  • Kilimandjaro, Tanzanie
  • Kilimandjaro, Tanzanie
  • La Meije, France
  • Huayna Potosí, Bolivie
  • Kebnekaise, Suède
  • Parinacota, Bolivie
  • Sajama, Bolivie
  • Cotopaxi, Equateur
  • Acotango, Bolivie
  • Kebnekaise, Suède
  • Carrantuohill, Irlande
  • Gennargentu, Sardaigne
  • Denali, Alaska
  • Mont Rose, Suisse
  • Stromboli, Sicile
  • Viðareiði, Iles Féroé
  • Nanhu, Taïwan
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