Passionné d'aventures en montagne depuis mon plus jeune âge, je vous propose de découvrir ce site internet dédié à mes périples en altitude. Vous y trouverez les récits, photos, et vidéos de toutes les ascensions que j'ai réalisées à ce jour dans le monde entier.
RUWENZORI (5109 m) - Kilembe Trail
Juin 2017 - Montagnes de la Lune, Ouganda
Jours 1 et 2 : Vers le cœur de l'Afrique
Récit de l'expédition
Galerie photos
Le Mont Stanley est une montagne enneigée du massif du Ruwenzori, à la frontière entre l'Ouganda (district de Kasese) et la République démocratique du Congo (province de Nord-Kivu). Il s'agit du troisième plus haut sommet d'Afrique après le Kilimandjaro et le Mont Kenya. Son point culminant est le Pic Marguerite avec 5109 mètres d'altitude.
La montagne porte le nom d'Henry Stanley, l'explorateur qui l'a découvert en 1888. Elle est gravie pour la première fois en 1906 par l'expédition de Louis-Amédée de Savoie, duc des Abruzzes, accompagné des guides Joseph Petigax, César Ollier, Josef Brocherel, et peut-être Umberto Cagni, ainsi que le photographe Vittorio Sella.
L'approche de la montagne est relativement longue à travers la jungle, mais son ascension n'est pas techniquement difficile. Les sentiers de randonnée sont bien entretenus et il existe de nombreux refuges. Des services de guides et porteurs sont disponibles. Le versant congolais de la montagne appartient au parc national des Virunga, alors que son versant ougandais fait partie depuis 1991 du parc national "Rwenzori Mountains". Plusieurs itinéraires permettent d'effectuer l'ascension vers les trois principaux pics qui sont le Mont Stanley, le Mont Speke et le Mont Baker.
L'excitation grandit donc lorsque je prends place dans le petit Cessna qui va me conduire de la capitale Kampala vers la ville de Kasese, au pied du massif. Le survol de l'Ouganda est magique : nous longeons les rives du gigantesque lac Victoria, puis nous planons au-dessus du Queen Elizabeth National Park où de nombreux touristes se rendent pour découvrir les gorilles dans leur espace naturel. Après une halte à Kihihi nous atterrissons sur l'aérodrome de Kasese. Le manager de l'agence Rwenzori Trekking Services m'attend. Nous rejoignons les hauteurs de la ville, à l'entrée de la vallée de Kilembe. A 1450 mètres d'altitude se trouve le camp de base de l'agence. Je m'y installe tranquillement puis vient l'heure du briefing avec Kasine, l'un de mes guides.
Dans la jungle humide du Ruwenzori
Jour 3 : Montée à Sine Camp (2596 m)
Nous dépassons les dernières habitations et par un sentier à flanc nous atteignons Mulyambuli, le petit poste des rangers situé à 1700 mètres d'altitude, au milieu d'une minuscule clairière. Je m'acquitte des droits d'entrée (35$ par nuit) et nous pénétrons dans la jungle épaisse du parc national du Ruwenzori. Deux rangers armés nous accompagnent pour assurer la sécurité du groupe. Officiellement, pour nous protéger des animaux sauvages. En vérité, contre d'éventuels rebelles congolais qui franchiraient la frontière.
Nous faisons une halte à la cabane de Musenge pour déjeuner puis nous franchissons le torrent. Un raidillon nous amène alors au premier camp, Sine. Plusieurs cabanes y sont perchées sur une crête. A quelques encablures la jolie cascade d'Enock permet aux randonneurs courageux de se rafraîchir. Heureuse surprise : le dîner est copieux et délicieux. Et le matelas est la promesse d'une nuit réparatrice.
Jour 4 : Ascension de la Mutinda Tower (3975 m)
Pour occuper l'après-midi Kasine me propose de gravir le spectaculaire piton rocheux qui surplombe le camp. J'accepte volontiers, et nous voilà agrippés sur les pentes escarpées de la Mutinda Tower. Le terrain est extrêmement raide et instable. Quelques échelles en bois nous permettent de franchir les passages les plus malaisés. Je remarque un daman, sorte de marmotte locale. Après une intense heure d'effort nous nous hissons au sommet. La vue est sensationnelle : dans toutes les directions des montagnes abruptes se dressent telles des sentinelles au-dessus de la jungle. Les brumes caressent ces cimes mystérieuses en une danse incessante.
Mon guide Kasine sur la Mutinda Tower
De longues minutes de contemplation passent avant que nous nous décidions à redescendre par le flanc oriental, histoire de tracer une jolie boucle. Sur ce versant l'itinéraire profite astucieusement des anfractuosités de la paroi pour aboutir directement sur notre camp.
Jour 5 : Montée à Bugata Camp (4062 m)
Courte étape aujourd'hui, avec très peu de dénivelé et une distance raisonnable. Nous quittons le camp et avançons au milieu des lobélias et séneçons géants, bondissant d'une touffe d'herbe à l'autre à travers les étendues marécageuses. A 3800 mètres nous pénétrons dans la zone dite "alpine", à l'entrée de la vallée suspendue de Namusangi. Il fait un temps magnifique et la vue est dégagée. Sur notre gauche un duiker nous observe, incrédule, alors que nous traversons les hauts plateaux. Après seulement 4 heures d'une marche tranquille nous atteignons, en même temps que nos porteurs, le camp Bugata situé à flanc de montagne au-dessus du joli lac Kopel.
Jour 6 : Traversée du Mont Luigi di Savoia (4620 m)
Il y a deux options pour rejoindre le camp suivant : franchir le Bamwanjara Pass, comme le font les porteurs, ou bien traverser le Mont Luigi di Savoia en passant par son sommet appelé Weismann's Peak. Kasine et moi optons pour cette seconde option, plus séduisante.
Quelle vue fantastique !
Nous descendons par le labyrinthe de ressauts du versant occidental, franchissons une arête, et plongeons plein nord vers la vallée de Kitandara. La pente est raide et truffée d'embûches en tous genres. Il faut rester concentré en permanence car une chute pourrait avoir de fâcheuses conséquences. Je n'ose imaginer comment s'organiseraient des secours si je me brisais une jambe dans un endroit si reculé...
Nous faisons une pause déjeuner sous le Freshfield Pass puis nous remontons légèrement pour rejoindre le Hunwick's Camp (du nom du propriétaire de la compagnie de trekking RTS). Le refuge est une nouvelle fois tout simple mais très convenable. Les porteurs sont tous arrivés et prennent le soleil en rigolant sur la pelouse voisine. Je rencontre mon second guide, Uziah, qui redescend du sommet avec un groupe composé d'Allemands, d'Autrichiens et d'Australiens. Ces derniers arrivent en soirée, brisés de fatigue, après 15 heures d'efforts. Voilà qui donne matière à réfléchir...
Jour 7 : Montée à Margherita Camp (4485 m)
Au programme du jour : une remontée tranquille de la vallée de Kitandara pour atteindre le dernier camp appelé Margherita. Nous chaussons nos bottes sans lesquelles nous n'irions pas bien loin. En effet après avoir parcouru seulement quelques hectomètres nous entrons dans un véritable bourbier. Le rythme ralentit, la progression s’accompagne de bruits de succion et chaque pas s’enfonce profondément dans le sol. Il faut alors savoir jouer avec les éléments du décor pour survoler la boue sournoise et collante, en posant judicieusement les pieds sur les touffes d'herbe, sur les rochers qui affleurent, ou encore sur les bouts de branche posés là pour faciliter le passage. Mais en définitive tout est glissant, alors il faut bien analyser le terrain et choisir la moins périlleuse des options. Je réapprends alors à marcher comme un gamin.
En route vers le dernier camp, Margherita
Le dîner est une nouvelle fois copieux et revigorant. J'ai du mal à trouver le sommeil, sans doute excité à l'idée de partir dans quelques heures seulement à l'assaut d'une montagne si fantastique. Alors je bouquine un peu, et je brûle un cierge pour que la météo nous soit favorable...
Jour 8 : Ascension du Mont Stanley (5109 m)
Au lever du jour, alors que nous approchons du plateau glaciaire Stanley, la montagne nous gratifie d'une pirouette dont elle seule a le secret. Les nuages se dispersent, ouvrant le voile sur les plus hautes éminences du massif : les aiguilles élancées de Savoia, Elena, Moebius, crevant le ciel africain, l'Alexandra Peak (5090 m) ainsi que tout au fond, toisant ses vassaux, le Margherita Peak qui obnubile mes pensées depuis des jours. En un instant, tout est devenu fantastique.
Les cimes du Mont Stanley dominant le plateau glaciaire
La pente s'adoucit. Nous contournons de larges crevasses, preuve que ce glacier n'est pas si petit. A environ 5000 mètres d'altitude nous atteignons, toujours dans la purée de poix, le col marquant la frontière entre le Congo et l'Ouganda.
Sans traîner nous poursuivons l'ascension. Soudain émergent de la brume de fantastiques champignons de glace, hauts de plusieurs étages. Quel privilège d'observer ces cathédrales glacées ici, sur l'Equateur ! Nous les contournons par la droite, non sans contemplation, pour toucher la partie rocheuse finale. Mes forces sont décuplées car je sens que la victoire est proche. Nous gravissons les blocs et avons l'heureuse surprise, quelques mètres avant d'atteindre la cime du Margherita Peak, de crever le plafond nuageux pour sortir en pleine lumière. Le givre qui tapisse le panneau sommital est en train de fondre au soleil.
Sommet du Margherita Peak !
La journée n'est toutefois pas terminée puisqu'il nous faut désormais rejoindre un autre campement dans la vallée de Bujuku. Car j'ai pour ambition de gravir dès demain la seconde plus haute montagne du Ruwenzori, le Mont Speke. Un sentier descend directement vers Bujuku, avec son lac noir, ses marais, et la falaise sous laquelle l'équipe a déjà installé un campement de fortune. Cette fois, c'est feu de bois et nuit sous tente !
Jour 9 : Tentative au Mont Speke
Nous revenons au campement puis, après avoir réorganisé nos affaires, entamons le très long retour vers la civilisation. Une fois franchi le Scott Eliott Pass nous gagnons le Hunwick's Camp via la vallée de Kitandara.
Jour 10 : Descente à Kiharo Camp (3430 m)
Neige et exotisme au Bamwanjara Pass
Une longue journée qui débute par le franchissement du Bamwanjara Pass, depuis lequel le panorama est fantastique. Les grandes montagnes sont décorées de neige. Je nage en plein rêve. Nous descendons ensuite au camp Bugata puis, empruntant une variante abrupte entre les falaises, vers le camp Kiharo pour la dernière nuit du périple.
Jour 11 : Retour à Kasese
Neuvième jour de trek. Il est grands temps de retrouver le confort de la vallée, pour le bien de nos muscles et de nos estomacs. Le retour est particulièrement long. Plusieurs remontées et des kilomètres plus tard c'est avec bonheur que je retrouve les cahutes de Kilembe. Les gens sont dans les rues. Il y a de la musique, tout le monde est dehors à chanter (quelques uns), à papoter (nombreux), ou à rester assis sans rien faire (la plupart). Non, ce n’est pas une fête en l'honneur de notre expédition victorieuse, c’est la vie quotidienne en Afrique noire.
Il est des montagnes qui, aussi fantastiques soient-elles, restent inconnues du commun des randonneurs. C'est le cas de ces reliefs sauvages situés à l'ouest de l'Ouganda, sur la frontière avec le Congo. Car oui il y a là, au cœur même de l'Afrique, émergeant au-dessus d’une végétation tropicale, refuge des éléphants et des primates, des cimes enneigées qui culminent au Pic Margherita, le troisième plus haut sommet du continent. Perpétuellement dans la brume ces montagnes sont couvertes de bambous, lobélies et séneçons, dans une biodiversité sans égale qui abrite cascades, lacs alpins et une jungle couronnée par des glaciers où le Nil en personne prend sa source. Cela fait des années que j'ai les yeux rivés vers ces mythiques "Montagnes de la Lune" imaginées par Ptolémée, redécouvertes par Stanley & Livingstone et explorées par le légendaire Duc des Abruzzes au siècle passé… Une destination onirique qui comblera à coup sûr le passionné de randonnée et de voyage que je suis.
Je pars de bon matin accompagné seulement par Kasine, nos 7 porteurs (pour un seul client !) ayant déjà pris les devants avec leurs charges de 20kg. Nous remontons la route bitumée qui passe à proximité d'une école et des mines de cuivre de Kilembe. Autrefois exploitées par une compagnie canadienne ces mines sont longtemps restées à l'abandon après que le dictateur Amin Dada ait chassé tous les étrangers du pays. L'Ouganda était à l'époque un endroit peu recommandable, dirigé par un tyran, dévoré par les virus et d'une pauvreté extrême. De nos jours un consortium chinois a repris l'exploitation du minerai. Quarante ans ont passé mais la misère reste terrible dans ce coin oublié de la planète. Des enfants nus et crasseux traînent ici et là. Les adultes, eux, ont quelques bananiers et caféiers près de leurs cabanes afin de gagner chichement leur vie, ou devrais-je dire leur survie.
Nous nous enfonçons dans une somptueuse forêt équatoriale d’une exubérance absolue. Au milieu de cette jungle luxuriante je parviens à dénicher un petit caméléon, ce qui relève de l'exploit car il se fond dans la végétation. La chaleur est étouffante mais la progression reste agréable car le dépaysement est total. Les sommets sont noyés dans la brume et je dois bien avouer que vu d'ici, difficile de croire que des glaciers se cachent plus haut.
Dans la fraîcheur matinale nous transperçons une forêt de bambous. Des cris de chimpanzés retentissent mais nous n'observons qu'un singe colobus qui s'enfuit à notre passage, bondissant de branches en branches. Nous faisons une pause à Kalalama Camp, l'occasion d'échanger avec les porteurs, même si la barrière de la langue rend la communication difficile. Plus haut la forêt enchantée d’arbres aux formes les plus incongrues, couverts de mousse ou ruisselants de barbes et lichens verdâtres, laisse finalement place à une lande boueuse. C'est le moment de chausser nos bottes en caoutchouc pour atteindre le second camp, Mutinda, à 3600 mètres.
Dans un premier temps nous longeons la rive du lac Kopel. L'ambiance est mystique lorsque les premiers rayons de soleil aspirent les brumes matinales. On plonge encore dans l'atmosphère décrite par toute la littérature de ces mythiques "Montagnes de la Lune" : forêt préhistorique de fougères barbues, lobélies géantes, séneçons moussus et quantité d’autres créatures végétales aux formes les plus délirantes sorties tout droit d’un conte de fée. Nous gagnons ensuite de l'altitude dans un ravin rempli de blocs et débouchons sur une selle à environ 4500 mètres. Puis nous grimpons sur les banquettes rocheuses en direction du nord-est jusqu'à atteindre le Weismann's Peak, la sixième plus haute cime du massif.
Les bourrasques de vent ont arraché le panneau sommital de son socle de pierres. Le panorama est dingue. Bien sûr la vue s'est ouverte à l'est sur le sauvage versant congolais, couvert d'une jungle impénétrable. Mais c'est surtout côté nord que l'œil est attiré. En effet les trois grandes montagnes du Ruwenzori sont désormais visibles : le Mont Stanley (5109 m) coiffé de ses glaciers, l'abrupt Mont Baker (4842 m) et en arrière-plan le Mont Speke (4890 m). L’émerveillement est à son comble, ce massif est encore bien plus fascinant que je le pensais !
Le lac Kitandara apparaît, noir comme l’ébène. Il n'invite pas à la baignade car qui sait quelles bestioles se cachent dans ces eaux sombres... La cabane homonyme, utilisée par l'autre compagnie de trekking qui propose le "circuit central", est nichée au bord dans un cadre somptueux. Après avoir longé ces rives mouvantes l'itinéraire passe ensuite sous la prodigieuse paroi orientale du Mont Baker. Certains tronçons sont malcommodes, imposant aux randonneurs une gymnastique dangereuse sur des rochers gluants.
Nous nous élevons jusqu'au Scott Eliott Pass, faisant la liaison avec la vallée de Bujuku au nord. Du col, cap à l'ouest pour gagner encore un peu d'altitude et arriver rapidement au cinquième et dernier camp, Margherita.
Je profite de toute l'après-midi pour me reposer dans la petite cabane qui m'est réservée, et pour me promener aux alentours. L'endroit est minéral, il n'y a presque plus de végétation. L'atmosphère est très sinistre avec les bourrasques froides qui m'empoignent, les nuages qui tourbillonnent en laissant entrevoir les flancs torturés du Mont Baker, et les parois dégoulinantes qui surplombent le campement.
Il est 4h lorsque le réveil retentit. Je bondis de ma couchette et jette aussitôt un œil à l'extérieur. Les conditions sont loin d'être optimales car le ciel est couvert, à mon grand désarroi, mais en voyant mes guides s'agiter je comprends que nous allons bel et bien tenter l'ascension. Et voilà donc notre petite équipe (Kasine, Uziah, un jeune apprenti guide et moi-même) qui se met silencieusement en marche. Dans l'obscurité nous crapahutons au travers d'un labyrinthe de dalles rocheuses couchées. De temps à autre quelques petits pas d’escalade amusants (quand ils sont secs) pimentent l'accès au glacier. On y voit pas grand chose mais je fais aveuglément confiance à mes guides qui totalisent plus de 200 ascensions de la Pointe Margherita !
Nous nous équipons de crampons, piolets, corde et baudriers. Les guides me font une rapide leçon de progression sur glacier. J'écoute et j'acquiesce par politesse, sans leur dire que des glaciers, j'en ai déjà traversé des centaines, et des plus périlleux !
Nous prenons pied sur le mythique plateau Stanley. La traversée n'est l'affaire que de quelques minutes. Ensuite il faut désescalader une barrière rocheuse à l'aide de cordes fixes, puis remonter une pente d'éboulis pour arriver au pied du glacier Margherita. Nous attaquons plein fer la langue glaciaire très raide, en montant au jumar sur la corde fixe installée par Uziah. Les nuages ont repris possession des lieux, nous ne voyons pas à dix mètres mais évidemment, à 8000 km de chez moi, hors de question de faire demi-tour. Alors on insiste, toujours portés par une motivation maximale.
Me voilà enfin là-haut, perdu dans les nuages africains, entre Ouganda et Congo, comme j'en avais rêvé durant des années. Cette montagne est si fantastique, si irréelle... Il faut la voir ou mieux, la gravir, pour ne plus douter de son existence même. Des glaciers en pleine jungle, qui l'eut cru ?
Je prends la pose en compagnie du sympathique jeune apprenti guide, pour qui cette ascension est sans doute la première d'une très longue série. Lui aussi est aux anges. Nous partageons notre allégresse alors que nos yeux cherchent à accrocher les reliefs qui émergent momentanément des brumes.
C'est avec un immense sentiment d'accomplissement que nous effectuons la descente, reprenant le même itinéraire via les deux glaciers et les dalles rocheuses, jusqu'à notre camp.
Réveil imbibé. Il tombe des cordes et la montagne a pris un aspect typiquement ruwenzorien, ruisselante de tous cotés et noyée dans la brume. Nous allons enfin connaître notre première véritable journée humide, au sens local du terme… Nous partons malgré tout de nuit, traversant la jungle dégoulinante, escaladant les rochers et les racines, jusqu'à venir buter à 4500 mètres sur la dorsale sud-ouest du Mont Speke. La neige recouvre l'arête, la rendant très dangereuse. Continuer dans ces conditions serait pure folie. Alors tant pis. Je demande aux guides de faire demi-tour, ne souhaitant pas risquer la vie de tous sur ce sommet qui n'est qu'un simple "bonus".